ateliers philo pour enfants

La philo pour enfants : qu'est-ce que c'est ?

Histoire, finalités et méthodes des ateliers philo avec les enfants

I. Historique de la philo avec les enfants

Genèse des pratiques philosophiques avec les enfants

L’idée d’initier des enfants à la philosophie est née aux Etats-Unis, à la fin des années 1960 avec Matthew Lipman. Ce dernier cherche à l’époque un moyen de combler les déficits de ses étudiants dans le domaine de la pensée logique. Il pense que celle-ci doit s’acquérir dès le plus jeune âge.

C’est ainsi qu’il écrit un petit roman La découverte d’Harry Sottlemeier destiné aux enfants de 10-12 ans dans lequel il décrit un groupe d’enfants parti à la recherche des règles du bien penser. En collaboration avec Ann Margret Sharp, d’autres romans, construits sur le même modèle d’une discussion socratique (aporétique : sans réponse définitive) entre enfants, suivent bientôt sur l’éthique, l’esthétique, la politique. L’ensemble doit constituer un véritable programme de « philosophie » pour des jeunes de 6 à 15 ans.

Cette méthode rencontrant un vif succès, elle se répand en Amérique du Sud (Brésil) et surtout au Québec dans le cadre de l’éducation morale.  Dans les années 1990, la méthode lipmanienne est reprise pour initier les enfants à une réflexion sur les principaux concepts mathématiques à partir de textes de fictions, sous l’impulsion de Marie-France Daniel, professeur à l’université de Montréal. Sous la conduite de Michel Sasseville, une formation spécifique est proposée aux étudiants de philosophie de l’Université de Laval.

Un programme ambitieux intitulé « Prévention de la violence et philosophie pour enfants » initié en 2006 par le centre La traversée au Québec développe par ailleurs avec succès une offre de formation exigeante pour toutes les écoles ou enseignants qui souhaitent se lancer dans l’aventure.

Le matériel écrit par Lipman et Sharp est progressivement traduit en plus de 20 langues. La philosophie pour enfants est quant à elle pratiquée dans plus de 50 pays à travers le monde.

Expériences françaises de philo pour enfants

La philosophie pour enfants à l’école élémentaire est apparue en France dans les années 1997-1998 à l’initiative d’enseignants du premier degré ayant une formation universitaire en philosophie (ex : A. Lalanne, P. Sonzogni ou J.C. Pettier) ou de réseaux associatifs (ex : A. Pautard et le réseau de l’AGSAS de J. Lévine). Certains professeurs d’IUFM (ex : M. Bailleul à Caen, E. Auriac-Peyronnet à Clermont-Ferrand), ayant découvert la méthode de Lipman, ont commencé à animer des sessions de formation continue en philosophie pour les instituteurs.

Des intervenants en philosophie (ex : J.F. Chazerans à Poitiers, O. Brénifier à Paris), parfois animateurs de café-philo, s’y sont intéressé de même que des mouvements pédagogiques (Cahiers pédagogiques , ICEM, OCCE, GFEN), dont nombre de militants se sont lancés dans l’expérience. S. Connac a ainsi développé des ateliers philo coopératifs inspirés par les principes de la pédagogie institutionnelle.

Ce mouvement de la philosophie à l’école a rapidement pris de l’ampleur avec un laboratoire de didactique de la philosophie dédié à Montpellier, la soutenance de plusieurs thèses sur le sujet et le soutien affirmé de plusieurs académies et professeurs d’université (ex : M. Puech, Y. Michaud). Les méthodes se sont diversifiées et étendues (de la Moyenne Section de maternelle au collège).

De nombreux éditeurs ont créé des collections de philosophie pour enfants (Philozenfants chez Nathan ; Les goûters philo chez Milan, Les petits albums de philosophie chez Autrement Jeunesse, Chouette ! Penser chez Gallimard Jeunesse, Les petits Platons).gouter-philo

Le mouvement de la philosophie à l’école s’inscrit et se développe aujourd’hui principalement dans le cadre, plus général, du réseau international des Nouvelles Pratiques Philosophiques qui regroupe des associations, enseignants, formateurs soucieux de développer la pratique de la philosophie dans la cité. Ce réseau bénéficie depuis 2006 du soutien officiel de l’Unesco ; son colloque annuel se déroule désormais dans le cadre même de la journée mondiale de la philosophie de l’Unesco (3ème jeudi du mois de novembre).

 

 II. Les motivations pour faire de la philo avec les enfants

 

Pourquoi mettre en place des ateliers de philosophie avec les enfants ?

Selon Michel Tozzi, professeur de didactique de la philosophie à l’Université de Montpellier 3, cinq principales motivations coexistent :

– une motivation « linguistique », qui voit dans les ateliers de philosophie pour enfants un moyen de favoriser l’apprentissage de la maîtrise de la langue, d’enrichir le vocabulaire et l’expression orale des enfants.

– une motivation « éthique » ou « citoyenne », qui voit dans le débat philosophique et démocratique l’occasion d’initier les élèves au vivre ensemble en favorisant le respect de la parole d’autrui, l’écoute, la compréhension et l’acceptation de la différence, la recherche de valeurs partagées et en prévenant les comportements violents.

–  une motivation « logique » ou « discursive », qui voit dans la pratique des ateliers de philosophie le moyen d’apprendre à « bien penser », à s’exprimer avec rigueur et cohérence, à argumenter, à donner des exemples, à ne pas se contenter des opinions, à développer son esprit critique, ses compétences intellectuelles et réflexives.

– une motivation « psychologique » ou « psychanalytique », qui voit dans la discussion philosophique un moyen de favoriser la construction, par l’enfant, de son identité, de renforcer son estime de soi et de mettre à distance, par la parole, un certain nombre de difficultés existentielles.

– enfin, une motivation « didactique », qui considère que la pratique de la réflexion philosophique est une réponse adéquate à la « crise de la transmission » que connaît l’école aujourd’hui. En entretenant chez les élèves le goût du questionnement et le désir de savoir, la pratique de la philosophie redonne du sens aux apprentissages traditionnels et constitue un outil de prévention de l’échec scolaire.

 

III. Les méthodes pour faire de la philosophie avec les enfants

Contrairement au continent américain, la France a développé une pluralité de méthodes de philo avec les enfants qui se distinguent les unes des autres essentiellement par le dispositif d’animation mis en place.

Quatre grandes méthodes de philo pour enfants sont généralement utilisées en France :

    • Celle de Matthew Lipman, qui consiste à lire en petit groupe des extraits de romans écrits pour l’occasion ; à laisser les enfants faire émerger des questions ; puis à choisir et discuter l’une d’elles. L’animateur intervient pour faire progresser la rigueur et la pertinence de la réflexion commune, en incitant à la mise en œuvre de compétences précises. La séance dure en général entre une heure et une heure trente.
    • Celle de J. Lévine, et du groupe AGSAS, qui repose sur une approche psychanalytique. Les enfants discutent librement une question donnée, sans aucune intervention de l’animateur pendant dix minutes en étant, si possible, enregistrés. Les dix minutes suivantes sont consacrées à l’écoute de l’enregistrement et à son exploitation avec l’aide de l’animateur. L’idée est de laisser l’occasion à l’enfant de faire l’expérience de sa pensée, de ce que ses mots disent du monde dans lequel il vit.
    • Celle de la « Discussion à visée philosophique » (DVP) conceptualisée par M. Tozzi, professeur en didactique de la philosophie à Montpellier 3, et S. Connac. La méthode consiste à choisir un thème de réflexion avec les enfants et à les laisser s’exprimer de manière semi-dirigée. Le dispositif d’animation qui distribue différents rôles aux élèves s’inspire des apports de la pédagogie institutionnelle. L’accent est mis sur l’acquisition de trois compétences : conceptualisation ; problématisation ; argumentation.
    • Celle d’O. Brénifier, d’inspiration socratique, suppose une intervention importante de l’animateur pour amener l’enfant à préciser et formuler rigoureusement sa pensée. L’accent est mis sur la cohérence logique de l’expression.

Et Discut dans tout ça ?

Le jeu de cartes Discut s’inspire des méthodes de Lipman et de la DVP.

Les cartes d’intervention symbolisent les différentes compétences réflexives que cherche à développer la méthode de Lipman et qui restent souvent pour les participants trop implicites ou « abstraites » et de ce fait, difficiles à mobiliser. L’explicitation de ces compétences sous forme de cartes et de visuels permet à chaque participant de savoir ce sur quoi il doit précisément travailler.

Les cartes d’animation reprennent quant à elle le principe d’animation coopérative de la DVP (définition de différents rôles d’animation). Elles permettent d’organiser et de formaliser clairement les règles du jeu pour l’ensemble des participants, tout en partageant équitablement les différents « pouvoirs » qui s’exercent lors d’une discussion collective (distribution de la parole, contrôle du temps, orientation de la discussion).

Ce dispositif garantit la mise en place de vrais ateliers coopératifs.

 

Retrouvez nos tutoriels sur You Tube

atelier-philo-tapis

« Au-delà de toute participation d’ordre médiatique à une nouvelle vogue, l’intérêt de la philosophie pour les enfants rentre dans les préoccupations fondamentales de l’UNESCO. » 

Yersu Kim, 1999

cartes-jeu-philosophique-discut

Le Jeu Discut :

pour faciliter les prises de parole et l’animation des ateliers philo

Déécouvrir

Commander

Contenu : 90 cartes

Prix : 24,90 euros

Lectures philo : le podcast

visuel_podcast_philodansletexte
philo pour enfants,philo avec les enfants

Discut

Découvrir Commander

Contenu : 90 cartes

Prix : 25,40 euros

philo pour enfants,philo avec les enfants

Extension Discut+

Découvrir Commander

Contenu : 36 cartes

Prix : 10,40 euros

philo pour enfants,philo avec les enfants

Pack Discut

Commander